L’orgue Callinet
1755-1988 : Histoire d'un orgue
Les
PERNY,
père
et
fils,
tous
deux
prénommés
Jean-Louis,
ont
laissé
une
œuvre assez mal connue.
Menuisiers
et
facteurs
d'orgue
installés
à
Huningue
au
18
e
siècle,
ils
ont
réalisé,
dans
le
Pays
de
Bade,
deux
instruments
dont
il
ne
reste
aucune
trace,
et
un
troisième
à
Huningue
même,
qui
ne
leur
fut
jamais
payé
et
dont ils récupérèrent les éléments.
Ils
furent
sollicités
en
1749
pour
"parfaire
et
fournir
à
l'église
Saint-
Maimbœuf
(au
château)
l'orgue
de
10
registres
qu'ils
ont
en
ce
moment
à
l'église
de
Huningue".
Le
marché
fut
conclu
et
l'orgue
de
Huningue
fut
donc
transféré à Saint-Maimbœuf.
Rappelons
qu'à
cette
époque,
Montbéliard
comptait
trois
paroisses
luthériennes
:
Saint-Maimbœuf
au
château
(paroisse
allemande),
Saint-
Martin en ville et Saint-Georges au faubourg.
Les
trois
paroisses
subsistèrent
jusqu'au
début
du
19
e
siècle,
mais
Saint-
Maimbœuf
abandonna
l'église
du
château
et
fonctionna
dès
1815
dans
les
locaux
de
l'église
Saint-Martin,
les
comptes
des
deux
paroisses
restant
distincts. L'orgue de Saint-Maimbœuf fut alors transféré à Saint-Georges.
Remplacé
par
un
instrument
neuf
en
1861,
l'orgue
de
Saint-Georges
subit
quelques dommages en 1944 ; ses éléments disparurent par la suite.
Il
faut
croire
que
le
travail
des
PERNY
fut
apprécié
à
Montbéliard
puisqu'ils
furent
sollicités
à
nouveau
en
1755,
pour
fournir
un
orgue
neuf
à
Saint-
Martin.
En
1843
le
Conseil
de
fabrique
de
Saint-Maimbœuf
et
de
Saint-Martin
"Vu
le
déplorable
état
où
se
trouve
l'orgue
de
leur
temple...
trop
mauvais
pour
supporter
aucune
espèce
de
réparation,
qui
ne
tient
même
plus
l'accord
et
manque
ainsi
complètement
le
but
auquel
il
doit
servir,
c'est-à-dire
la
solennité
du
culte..."
décide
à
l'unanimité
que
les
paroisses
Saint-Martin
et
Saint-Maimbœuf
feront
l'acquisition
d'un
orgue
neuf
suivant
les
plans
et
devis présentés par MM. CALLINET".
CALLINET
(il
s'agit
de
Joseph,
qui
vient
de
se
séparer
de
son
frère)
conserva
quelques
tuyaux
de
PERNY
(bourdon
de
grand-orgue,
bourdon
de
flûte
de
pédale)
et
une
partie
du
buffet.
Ce
dernier
élément
subsiste
encore dans l'orgue actuel.
Dès
1900,
le
Conseil
presbytéral
s'inquiète
à
nouveau
de
l'état
de
l'orgue
:
"M.
le
pasteur
VIENOT
expose
au
Conseil
que
les
réparations
projetées
à
l'orgue de Saint-Martin ont pris un caractère d'urgence absolue".
Le
Conseil
presbytéral
n'est
manifestement
pas
unanime
pour
le
choix
du
facteur.
Le
pasteur
VIENOT
autorise
oralement
un
organier
de
Montbéliard,
BEDEVILLE,
à
commencer
les
travaux
en
prenant
pour
base
un
devis
présenté
par
DIDIER
d'Epinal,
puis
il
retire
cette
autorisation
devant les réticences du Conseil qui demande un nouveau devis.
Les
travaux
achevés,
le
Conseil
charge
le
pasteur
COULON
de
faire
procéder
à
une
expertise.
L'organiste
de
la
cathédrale
de
Berne,
choisi
pour
ce
travail,
est
très
élogieux
:
la
rénovation
est
qualifiée
d'irréprochable
et le rapport d'expertise se termine par ces mots :
"Puisse
cet
instrument
être
préservé
de
tout
dégât
et
puisse-t-il
élever
sa
voix encore bien longtemps à la gloire de Dieu et à la joie des hommes".
Le
12
mai
1966,
le
Conseil
presbytéral,
considérant
que
la
réfection
des
orgues
de
Saint-Martin
est
nécessaire
depuis
longtemps,
demande
un
devis
à
la
Maison
SCHWENKEDEL
de
Strasbourg.
Il
est
décidé
que
les
travaux
seront
effectués
par
tranches
suivant
les
possibilités
financières
de
la paroisse.
Le
10
mai
1968,
le
pasteur
MAHLER
annonce
au
Conseil
que
les
travaux
de
réfection
sont
terminés
et
propose
un
concert
pour
marquer
la
rénovation
de
l'instrument.
Le
Conseil
décide
qu'un
culte
spécial
sera
célébré le 22 septembre.
En
octobre
1977,
l'orgue
est
classé
monument
historique
par
les
soins
de
Charles
TRIPP,
membre
correspondant
du
Ministère
des
Affaires
culturelles
pour
le
nord
de
la
Franche-Comté,
en
liaison
avec
Michel
CHAPUIS
professeur
au
Conservatoire
National
Supérieur
de
musique
de
Paris,
organiste,
rapporteur
près
la
Commission
Supérieure
des
Monuments
Historiques
(5
e
section)
et
Claude
AUBRY,
expert-conseil,
ce
qui protège une restauration éventuelle de l'instrument.
En
octobre
1980,
à
l'initiative
du
pasteur
MARTI
le
Conseil,
constatant
à
nouveau
l'urgence
des
réparations
à
apporter
à
l'instrument
qui
se
trouve
"dans
un
état
très
préoccupant",
estime
ne
pouvoir
se
charger
de
surveiller
et
de
financer
ce
travail
de
restauration
et
charge
trois
de
ses
membres
de
promouvoir
la
création
d'une
Association
chargée
de
faire
remettre
l'instrument
en
état.
Il
vote
à
cet
effet
une
délégation
de
pouvoir
par
laquelle
il
approuve
la
création
de
l'Association
des
Amis
de
l'Orgue
de
Saint-Martin.
d’après Pierre HAUGER
Après
de
multiples
et
incessantes
démarches
de
l'Association,
sous
l'impulsion
de
Michel
CHAPUIS,
de
Claude
AUBRY,
expert
conseil
et
avec
l'aide
des
membres
correspondants
Charles
TRIPP
et
Claude
GREYS-GIRARD,
les
Monuments
historiques,
sous
l'égide
de
la
Direction
Régionale
des
Affaires
Culturelles,
le
Conseil
Régional,
le
Conseil
Général
du
Doubs
et
la
Ville
de
Montbéliard
donnent
leur
accord
pour cette restauration en septembre 1984.
Le
financement
très
important
de
celle-ci
sera
assuré
pour
30%
par
l'Etat,
30%
par
le
Conseil
régional,
20%
par
le
Conseil
général,
10%
par
la Ville de Montbéliard et 10% par l'Association.
La
restauration
de
l'orgue
de
Callinet
avec
modification
du
positif
est
retenue.
Cette
solution
implique
cependant
une
réfection
de
la
tribune
et
l’insertion
du
positif
dans
la
balustrade.
Elle
comprend
aussi,
outre
la
mise
en
peinture
de
tout
cet
ensemble,
le
projet
de
construction
d'un
escalier permettant l'accès aux combles de Saint-Martin.
Cette
restauration
s'articule
dans
son
esprit,
dans
son
financement
et
dans
le
temps
autour
du
choix
d'un
facteur
d'orgue.
Une
commission,
créée
à
cet
effet,
retiendra,
après
appel
d'offres,
la
candidature
d'Alain
SALS
parmi
celles
de
plusieurs
autres
postulants.
Ses
instruments,
neufs
ou
rénovés,
se
distinguent
tous
par
la
couleur
et
le
caractère
très
personnel que ce remarquable harmoniste sait donner à leur sonorité.
Fin
1985,
l'orgue
quitte
l'église
pour
un
séjour
provençal
dans
les
ateliers
du facteur d'orgue, non loin de Vaison-la-Romaine.
1988
:
l'orgue
est
de
retour.
De
son
voyage,
l'orgue
rapporte
une
nouvelle
jeunesse,
une
douceur
bouleversante
et
un
éclat
somptueux,
mais
aussi
la
découverte
de
peintures
d'origine,
claires
et
gaies,
que
le
peintre
sollicité,
Roland
NONOTTE,
spécialiste
de
ces
restaurations
va
recréer
de
main
de
maître.
La
tribune
et
sa
balustrade
doivent
aussi
retrouver leurs couleurs primitives par ses soins.
d’après Françoise Gluntz
L’orgue avant 1985
L’orgue actuel et l’escalier d’accès aux combles
L’orgue depuis 1989
Photos Vidéo-club Belfort-Montbéliard
Robert Zaugg
Temple Saint-Martin
MONTBELIARD