Historique du temple Saint-Martin
Le temple Saint-Martin de Montbéliard (Doubs) Le Pays de Montbéliard, un destin particulier La première famille qui s'impose à Montbéliard est la famille de Mousson, nous sommes en 1044. Louis de Mousson est un puissant personnage, fidèle de l'empereur germanique, détenteur d'un important domaine dans l'Est de la France actuelle, qui au début du XIIème siècle sera partagé en 3 comtés : Bar, Ferrette et Montbéliard. La première mention d'un comte de Montbéliard date de 1105. Un tournant décisif En 1397, le comte Henri meurt à la croisade de Nicopolis . Sa fille Henriette, héritière du Comté, est fiancée à Eberhardt IV de Wurtemberg, jeune prince d'Empire. Montbéliard est héréditairement attaché au Wurtemberg mais garde ses droits, us & coutumes ainsi que sa langue, le français. En 1495, le Comté devient Principauté. C'est dans les années 1530 qu'arrivent les premiers prédicateurs de la Réforme (Guillaume Farel et Pierre Toussain), imposés par les ducs régnants. Et en 1586, le luthéranisme devient Eglise d'Etat selon le principe « cujus regio, ejus religio » (tel roi, telle religion). La Principauté, seul territoire luthérien de langue et de culture françaises, connaît alors un accroissement démographique important, en accueillant notamment de nombreux réfugiés huguenots fuyant le royaume de France, le comté de Bourgogne et le duché de Lorraine. Le temple St Martin, monument emblématique de Montbéliard et œuvre majeure de la Renaissance Il existait déjà, à l'emplacement de l'édifice, une église mentionnée à la fin du XIIIème siècle au centre du bourg St Martin. Pour manifester le triomphe définitif du luthéranisme, devenu religion officielle, Frédéric 1er, en prince éclairé de la Renaissance, charge son architecte Heinrich Schickhardt de construire un édifice plus vaste, à la gloire de Dieu et … à la sienne !
La première pierre est posée en mars 1601 tandis que le gros œuvre et la charpente sont achevés à la fin de 1604. Suivent les aménagements intérieurs, dont les peintures murales. La dédicace du temple a lieu le 18 octobre 1607 en l'absence du prince Frédéric, souffrant. Un an plus tard, lorsque Schickhardt quitte Montbéliard pour Stuttgart, St Martin n'est pas tout-à-fait achevé : la haute tour de pierre initialement prévue n'a pas été réalisée. Pour des raisons techniques et/ou par manque d’argent, la partie haute du clocher est achevée en 1677 seulement, en pleine conquête française, et sous la forme d'un modeste clocher en bois.
En 1793, le Conventionnel Bernard de Saintes vient, au nom de la France, prendre possession de Montbéliard ; c'est le début de tribulations administratives et religieuses en tous genres. Le temple St Martin est alors rebaptisé « Temple de la Raison ». La paix revenue, l'édifice est rendu à son utilisation première, réorganisé et restauré à plusieurs reprises durant le XIXème siècle, notamment dans les années 1827 et suivantes par l’architecte montbéliardais Morel- Macler. C’est au cours de ces années qu'apparaissent l’autel de style 1er Empire encore en place aujourd’hui. les boiseries latérales, la chaire et les stalles. En 1843, l'orgue installé par le facteur alsacien Perny en 1755 est modifié par les frères Callinet . Ce remarquable instrument, restauré à plusieurs reprises est valorisé par l'association des Amis de l'Orgue de St Martin qui organise de nombreux concerts. En 1905, lors de la séparation de l'Eglise et de l'Etat, le temple reste la propriété de la paroisse protestante de Montbéliard. Il est classé au titre des Monuments Historiques en 1963. Heinrich Schickhardt, l'architecte Heinrich Schickhardt (1558-1635) architecte majeur de la Renaissance conçoit cet édifice après un voyage en Italie et notamment en Italie du Nord et en Toscane avec le prince Frédéric. St Martin est incontestablement l'œuvre la plus réussie de l'architecte wurtembergeois - surnommé « le Léonard de Vinci » souabe - qui a laissé de nombreuses traces dans le Pays de Montbéliard comme dans tout le Wurtemberg : moulins, ponts, églises, machines hydrauliques, salines, … Le sentier urbain « Heinrich Schickhardt et son temps » (circuit de 3 km jalonné de 12 panneaux trilingues explicatifs) permet de découvrir les réalisations multiples de l'architecte à Montbéliard. Ce parcours urbain s'inscrit plus largement dans « L'Itinéraire Culturel Européen Heinrich Schickhardt » qui s'étend de Montbéliard à Backnang dans le Bade-Wurtemberg en fédérant 22 villes dont Freudenstadt, ville créée de toutes pièces en forme de jeu de marelle. Dépliants gratuits disponibles à l'Office de Tourisme Enfin, un audioguide conçu par l'Office de Tourisme du Pays de Montbéliard permet, en 12 étapes - dont 1 consacrée au seul temple St Martin - de découvrir, au travers du regard de Schickhardt - Montbéliard, Ville d'Art & d'Histoire et son riche patrimoine (commentaires en F, D, GB et NL audioguide en location à 2 à l'OT, contenu Mp3 du parcours téléchargeable sur smartphone depuis le site www.paysdemontbeliard-tourisme.com ou en flashant les QR Codes disposés sur le parcours) Radioscopie d'une architecture exceptionnelle C'est depuis le perron de l'Hôtel de Ville que l'on a la plus belle vue sur le monument. Il se dresse à la manière d'un temple antique, isolé au milieu de la place totalement réaménagée par Schickhardt en 1601. Les façades extérieures sont rythmées par 34 pilastres qui reposent sur un haut soubassement. Schickhardt innove en introduisant un ordre jusqu'alors inconnu dans l'aire germanique : l'ordre colossal toscan. Par ses proportions harmonieuses et son allure dépouillée et froide, le temple St Martin annonce le classicisme. Les baies rectangulaires élancées sont couronnées de frontons alternativement surbaissés et curvilignes. Chacun des 3 portails, à fronton brisé, et dont le grès rouge accentue la lisibilité, est surmonté d'un oculus. Les portails nord et sud, plus monumentaux, sont flanqués de colonnes. À l’intérieur, un décor peint (daté de 1606-1607), reprenant en trompe-l’œil les motifs architecturaux extérieurs, ainsi qu’un chapiteau de pilastre sculpté, ont récemment été mis au jour sous les enduits du XIXe siècle. Des travaux à venir doivent permettre la mise au jour de l’ensemble des peintures murales. Le plafond est, quant à lui, orné d’un médaillon peint représentant le bon berger et datant du XIXème siècle. Il remplace le premier médaillon figurant les armoiries de Frédéric de Wurtemberg, et supprimé lors du rattachement du Pays de Montbéliard à la France. Les matériaux de construction proviennent de sites proches : pierre blanche de Vandoncourt, grès rouge de Chagey, sapin de Porrentruy, chêne d'Etobon et de Belverne, ... Les travaux ont été exécutés par des équipes mixtes associant artisans montbéliardais et wurtembergeois. Un lieu unique en France aujourd'hui Édifice luthérien le plus ancien construit à l’époque de la Réforme et qui soit parvenu jusqu'à nous, St Martin est également la plus grande église protestante datant du début du XVIIème siècle : une vaste salle de forme rectangulaire de 37 m de long sur 16 m de large, couverte par un magnifique plafond plat divisé en 45 caissons, suspendu à la charpente, sans aucun pilier de soutènement et qui culmine à 11 m de hauteur ! Un écrin pour un joyau Vers 1540, à la demande du comte Georges 1er de Montbéliard, le peintre Heinrich Füllmaurer, originaire de Herrenberg en Wurtemberg, réalise un grand retable (4m x 2m) pour l'usage personnel du monarque : c'est le Mömpelgarder Altar, ou Retable de Montbéliard. Composé d'une partie centrale et de 6 volets latéraux se rabattant l'un sur l'autre, il présente 157 scènes du Nouveau Testament peintes sur autant de panneaux en bois et qui s'articulent comme un livre d'images géant. A la faveur d'un déménagement à Stuttgart dans la seconde moitié du XVIème siècle, puis des troubles de la Guerre de Trente Ans, le retable est emporté à Vienne en Autriche comme butin de guerre et devient l'un des joyaux de la collection de peinture des Habsbourg ; il est conservé aujourd'hui au Kunsthistorisches Museum (musée des Beaux-Arts) de Vienne. Avec l'aide de la Société d'Emulation de Montbéliard (financement 40.000 et conception technique) et en collaboration avec l'association Parole Image, une copie de ce chef-d'oeuvre de la Renaissance d'Allemagne du Sud a été réalisée en 2016. Elle est désormais exposée au temple St Martin. Des travaux d’importance Outre la restitution des décors peints d’origine - qui doit être étendue à toute la salle - et des sculptures des chapiteaux des pilastres, la restauration intérieure porte sur l’ensemble du bâtiment (sols, menuiserie, mobilier). Une modernisation des éléments techniques est également nécessaire (éclairage, chauffage, sonorisation). L’accès aux personnes à mobilité réduite constitue une priorité (création d’une rampe et de sanitaires aux normes). Le coût total de la restauration est chiffré à 3,1 millions d’€uros. Informations pratiques : Visites commentées assurées par les bénévoles de la paroisse : en juillet/août et pendant le temps de l'Avent Visites commentées assurées par des guides-conférenciers agréés : pour individuels (visites gratuites) dans le cadre de la programmation du service animation du patrimoine de Pays de Montbéliard Agglomération, garant du label « Pays d'Art & d'Histoire » - www.patrimoine-pays-de-montbeliard.fr pour les groupes, francophones ou non, toute l'année sur réservation (visites payantes) par l'Office de Tourisme du Pays de Montbéliard – www.paysdemontbeliard-tourisme.com Sources : •l'église luthérienne Saint-Martin à Montbéliard 1601-2001, par André Bouvard, Ed . Atelier du Patrimoine, 2001 •le Pays de Montbéliard, Pays d'Art & d'Histoire – Ed. Du Patrimoine, 2010 •le Retable de Montbéliard, association Parole Image Montbéliard, 2016 •dossier de presse Pays de Montbéliard Tourisme, 2019
Pour tout renseignement envoyez un mail à renovation@temple-saint-martin.org
Temple Saint-Martin MONTBELIARD